La belle et le Dracaufeu.

La belle et le Dracaufeu.


Il y a bien des années, en un temps de héros, de vaillants chevaliers, de belles princesses, de magiciens, des Galopa et de Dracaufeu, vivait dans un village une jeune femme prénommée Belle.

Belle était la plus belle de toutes les filles de la région, et quiconque croisait son chemin ne pouvait détourner le regard de son visage et des ses yeux.

Belle était douce, gentille et patiente, et tout ceux qui la connaissaient vivaient dans le plus doux des bonheur.

Sa seule présence suffisait à changer une misérable existence en une vie pleine de joie et d'amour.

Belle n'était pas mariée, ni fiancée. Elle voulait rester libre et ouverte à tous, et ne se lierait à personne tant quelle n'aurait pas trouvé quelqu'un comme elle pour partager sa vie.

Non loin de là vivait Taram, un terrible Dracaufeu, fort, avide et sanguinaire.

Taram aimait la chasse, le goût du sang et les richesses.

Rien ne le rendait plus heureux que de s'allonger dans sa grotte, sur la montagne d'or et de joyaux volés aux humains qui lui servait de lit, et d'écouter hurler les jeunes filles qu'il capturait tout en rongeant les os des chevaliers qui avaient tenté de le combattre.

Taram aimait enlever, torturer et dévorer les humains, les jeunes filles des villages et les héros qui venaient pour les délivrer.

Il n'avait jamais connu la pitié, le regret et l'amour.

Aucun Dracaufeu n'avait jamais connu ces sentiments.

Un jour, ses chasses l'entraînèrent vers le village de Belle.

Il survola la bourgade, et de son souffle ardant enflamma les chaumières.

Il se posa et d'un coup de sa lourde queue, il démolit la maison la plus proche.

Les villageois se mirent à fuir, et Taram, au comble de la joie, les écrasa et les goba un par un.

Soudain le Dracaufeu croisa le regard de Belle.

Elle se tenait là, debout au milieu des maisons en flamme, parmis ses compagnons gisant au sol, et elle fixait Taram de ses yeux plein de tristesse et de larmes.

Le Dracaufeu ne put détourner son regard de la jeune fille, pourtant si frêle et insignifiante.

Il demeurèrent immobile quelques secondes, puis dans le ciel soudain couvert de nuages gronda la foudre. Taram quitta la jeune fille des yeux et s'envola, laissant derrière lui Belle et le village en ruine.

De retour dans sa grotte, Taram s'allongea sur sa couche dorée, mais pour la première fois le contact de l'or ne lui apporta aucun réconfort.

Il songea à ce qui venait de lui arriver, à cette femme si belle qui d'un regard plein de chagrin avait réduit le puissant Dracaufeu à l'impuissance.

Il songea longuement, et pendant des jours et des nuits il réfléchit, délaissant son or et ses chasses.

Faire souffrir les jeunes filles lui avait toujours procuré un grand plaisir, mais désormais cette pensée le laissait de marbre.

Détruire les villages et massacrer ses habitants avait toujours été une de ses activités favorites, mais maintenant cela le laissait indifférent.

Ce regard avait éveillé en lui quelque chose qu'il navait jamais ressenti auparavant.

Il lui fallait résoudre ce mystère et tenter de comprendre ce qui lui était arrivé.

Pour cela il ne voyait qu'une solution : il devait retrouver cette jeune fille.

Taram se mit en route dès l'aube, survola le village dévasté de Belle et se posa discrètement sur une colline voisine. Là, caché par les arbres, il observa de ses yeux perçants les villageois occupés à reconstruire les maisons.

Il repéra rapidement Belle, qui soignait les blessés, et resta là des heures durant à contempler son visage plein de bonté et de douceur.

En temps normal, il n'aurait pas hésité à bondir pour la capturer et l'emmener dans sa tanière, mais il comprit que jamais il ne pourrait faire le moindre mal à cette femme. Il ne voulait que rêver à jamais devant cette beauté sans pareille. Sa vie de Dracaufeu n'avait plus rien d'exaltant.

Tout ce qu'il voulait désormais, c'était être heureux auprès d'elle.

Pour la première fois de sa vie, il regretta d'avoir fait pleurer un humain.

Il devait se faire pardonner, et tant pis s'il devait pour cela sacrifier son or ou sa vie.

Un matin, alors que les villageois se levaient et quittaient leurs maisons à moitié réparées, il y eu soudain un grand bruit dans le ciel. Tous levèrent les yeux et virent les nuages qui semblaient se couvrir d'or. Une pluie de pièces, de bijoux et de pierres précieuses tombait sur la bourgade.

Tous se précipitèrent pour ramasser les richesses et danser sous cette pluie étincelante, mais seule Belle vit Taram, haut dans le ciel, qui semait son précieux trésor sur le village. Il se posa en douceur dans un champs et elle le rejoignit sans crainte, car elle lisait dans les yeux sombres du Dracaufeu tout le regret et le chagrin qu'il avait pu ressentir.

Elle monta sur son dos, il étendit ses grandes ailes, s'éleva dans les cieux et ensembles ils volèrent vers le soleil levant